samedi 20 décembre 2014

A et autres listes...


Ah Ah
Al Al
Ah
Al Ah?
Ahl…al..a…r
Ar….
Ach so????
Ar….
Ar……Rête!
C’est haut!
C’est trop haut!
C’est là haut, tout là haut
L’eau en toi
L’O en tOi
Vapeur d’eau
Vappereau……
Oui, c’est tOi !
TOi ! TOn nOm
Origine
IMAGINE !
TOi que tu arpentes-
Un tOit-Un tOut petit tOit
fragile mais…
TOut pOintu
Turlututu !

Allez ! grimpe, mOnte et tOut en haut……PlOuf !
PlOnge !
PlOuf ou FlOup !
Tu es Où ???

Je suis l dans le Â
La barre du Â
Tu la vois ?

 ment !
Non ! Â ne ment pas
 Attend.
Ardemment. ……L’OmegÂ

M.D.
Valréas, octobre 2014

Marie-Chantal
ou
Quelques manières de mourir 

Avez-vous connu Marie-Chantal, cette manière qu'elle avait de décliner le mourir ? Non ? Eh bien sachez que Madame,
    « Marche ou crève »
n'était pas son slogan. Trop raffinée, la Dame ! Ce n'était pourtant pas faute de ponctuer ses instants de vie mondaine de poncifs rabattus.
Je me souviens de cette fin d'après-midi de septembre. Le ciel limpide, l'air ambiant encore saturé d'été, rafraîchi d'une légère brise, avaient incité Madame à une promenade pédestre dans les bois. Une heure à peine, la voilà revenue, jouant l'épuisement. Elle s'affale dès l'entrée dans le premier fauteuil ouvert :
    « Je suis morte de fatigue ! »
 soupirs à la clef.
Quelques instant plus tard, retrouvant sa verve coutumière, elle me confiait :
    « Sais-tu que j'ai bien failli mourir de peur ? Figure-toi qu'un sanglier... »
Le soir même, scintillante, elle paradait au centre d'un cercle d'hommes empressés, rivaux en séduction, en esprit. Madame mimait les émois que ces messieurs attendaient d'elle. Je l'entendis s'exclamer dans un cristallin éclat de rire :
    « Cher, vous finirez bien par me faire mourir de rire ! »
Puis, après un semblant de frisson :
    « Je meurs de froid. »
Ce qui lui vaut le bras protecteur d'un galant attentionné autour de ses épaules. Il semble lui proposer de s'avancer vers le buffet. Avec un regard de star de cinéma des années 30 elle s'exclame :
    « La riche idée, je meurs de faim ! »
La bouche pleine, devant un plateau tendu où tintent des flûtes pétillantes de champagne :
    « Vous arrivez à point nommé, je meurs de soif ! »
Verre à la main, de son pas souverain, elle erre de groupe en groupe, esquisse des sourires, évocation de promesses. S'attarde ici, attentive, s'en détourne :
    « Ciel ! Mais c'est que vous me feriez mourir d'angoisse ! »
Et s'éloigne une main sur le cœur.
Plus loin je la surprend à susurrer à l'oreille d'un bellâtre :
    « Cessez, pour l'amour de moi ! Vous me feriez bien
     mourir à petit feu, vous !
    « -Préféreriez-vous, Belle, mourir pour des idées ?
    « -pour des idées ? d'accord, mais de mort lente. »
Marivaudage, marivaudage, éclats de rire taillés sur mesure, en mesure, unisson.

« ….......elle l'a serré au cou, c'est une litote bien sur, ….. une horreur !
    Jusqu'à ce que mort s'en suive. »


Eh bien, contre toute attente, Marie-Chantal n'est pas
    morte pour la France,
elle n'est pas
    morte au champ d'honneur
pour elle pas de
    mort à crédit
ni de
    mort sur ordonnance.
Quant à
    mourir d'aimer
elle en était bien incapable, elle n'avait de vénération que pour sa seule image.
Hélas pour son narcissisme, elle ne put pas même chanter
    « Ah ! mourir pour mourir je choisis l'âge tendre »
elle l'avait dépassé depuis...
Eh oui, Marie-Chantal est tout simplement

    morte de sa belle mort.
Gabrièle Benitah
Décembre 2014

Liste des lieux où j’ai vécu…

Commençons par le seul lieu dont je n’ai aucun souvenir. J’y suis resté trop peu de temps. La maternité de la Roche-sur-Yon. Quand bien même j’y serais resté un mois, je n’en aurais aucun souvenir. Je sais simplement que j’y ai vécu un laps de temps certain.
Le quartier Jean Yole. Tiens ! Ai-je bien écrit Jean Yole ? Phonétiquement, ça tient la route, c’est l’essentiel. Oui, toujours la Roche-sur-Yon, Vendée, 85. Des tours de plus de cinq étages. Nous habitions dans un des appartements du cinquième et nous ne vivions pas à l’étage le plus haut ! Un immeuble,  H.L.M. …
Tiens,  je viens de me rappeler, une photo, c’était avant Jean Yole ! Toujours à la Roche, appartement de la cité Ambroise Paré. La télé allumée, une télévision en noir et blanc. Mon frère Laurent qui danse, moi qui l’observe. Finalement, j’observe depuis plus longtemps que je ne croyais. Je ferme la parenthèse de cet oubli.
Jean Yole, l’immeuble, ses caves, son homme à la cape noire et nous, mes frères, des amis et moi qui nous effrayons mutuellement. Le champ de foire, en face. Il suffit de traverser la route, juste derrière le gymnase. Ses vaches et ses taureaux, des charollais, énormes. Cinq ans… six peut-être, ma sœur est née…déménagement.
La Soulinière des Clouzeaux. Pas de numéro, quelques maisons entre la bifurcation en fourche qui conduit au village même de la Soulinière. Parmi elles, dans un vaste champ, celle où j’ai vécu jusqu’à mes dix-neuf ans. La campagne après la ville. Une aire de jeux et d’investigations de champs, de clôtures électriques, de leurs poignées de châtaigne comme on dit quand par mégarde nous établissons un contact trop intime avec elles, des chemins  jonchés d’ornières creusées par les roues de tracteurs, des chemins bordés  de chênes centenaires, parfois même tricentenaires pour certains. J’aime les chênes, je ne sais pourquoi !
Avignon, rue Pompée Catilina dans le quartier des Sources. Avec ou sans h ? Il y avait un numéro. Lequel ? Une maison que mes parents louent. Un petit jardin. C’est bien, les beaux jours. Montpellier, Avignon ? J’ai préféré Avignon, plus petite faculté. Mon père a donc choisi Avignon… Il faut s’habituer à la chaleur, aux fortes chaleurs même.
Bon, j’ai peu de temps.
Montpellier, étudiant, licence, maîtrise. Pas facile de se loger. La première année, la seule possibilité de logement trouvée, la caravane au camping municipal. L’année où les étangs en Camargue ont gelé, où les flamants roses, phoenicopterus roseus roseus ou roseus ruber sont restés coincés, les pattes prises dans la glace.

Bon, le temps imparti est fini… la liste sera incomplète !
Jean Luc Sauton

mercredi 3 décembre 2014

Désert


  • C'est la faute à St Ex
  • A St Ex ?
  • Oui, cette envie de désert, c'est la faute à St Ex. Depuis le renard et le petit garçon tu as toujours eu envie de te perdre dans le désert.
  • Du sable, du sable, même en format panoramique ce n'est que sable. Et cette couleur : pâle, jaune, ocre. Peu de vert car peu de végétation.
  • Où est l'oasis ?
  • Heureusement entre deux monticules tu nous montres un morceau de ciel. Bleu, très bleu.
  • Il doit faire chaud, ça se voit à la couleur du ciel. Comment dit-on déjà ?  Ah oui, un ciel de plomb.
  • Et ce silence : juste le crissement de tes chaussures.
  • Ce n'est pas vrai : il y a des bruits dans le désert. Le vent. Le vent qui fait parler le sable sur les dunes. C'est à peine croyable le bruit que fait le sable en roulant sur la dune.
  • As-tu soif ?
  • Parfois. L'air est sec, les yeux piquent puis pleurent. Le nez n'arrive plus à respirer. Tu mets le chèche pour te protéger.
  • Mais qu'est-il allé faire dans le désert cet enfant ? 
  • C'est plat, il n’y a rien, personne, aucune vie.
  • C'est faux : les dunes sont hautes, plus tu les gravis, plus elles sont hautes.
  • Et au bout de la photo, dans l'immense paysage, un homme va surgir, venu de nulle part, en sandales, un bâton à la main.
  • Que cherche t-il ? Le renard ?
  • La vie elle est partout. Un insecte qui traverse, un serpent qui coule, des traces de pattes.
  • Où vont-ils ?
  • Si je ferme les yeux et que je tourne sur moi même je ne sais plus de quelle direction j'arrive.
  • Tu peux te perdre ?
  • Oui, facilement et aussi facilement perdre ton âme.
  • Comment est la nuit sur ta photo ?
  • Si la lune est levée c'est le même spectacle sans les couleurs, avec le froid et les étoiles filantes.
  • Tu y retourneras ?
  • Oui, même si ça ne s'est pas du tout passé comme je l'imaginais.
  • Ah bon ?
  • Je n'ai pas rencontré le renard.

Martine Fagard
Valréas, novembre 2014

dimanche 23 novembre 2014

D'eau et de mots


Assignée à résidence.
Abandonnée ?

Cernée d'eau.
Au-dessus, une ombre gigantesque. Des nuages. Ils roulent et s'enroulent sur eux-mêmes dans des fracas de menaces.
Partout des arbres innommés volent des fragments de lumière à l'invisible. Quoi sous la canopée entêtante ?
Fragrances d'écorce vive, silex brûlé, sucre et miel, mousses saturées de moiteur.
De branche en branche un cri ricoche.

Là, dans les sables noirs, ses pieds prennent peur. L'eau sans couleur d'une caresse semble les vouloir avaler. Le sol se dérobe. Succion.

Impossible de rejoindre
l'ailleurs où, à grands gestes disloqués, sa tribu l'appelle.
Là-bas, où tout resplendit – couleurs, lumières.

Entre l'ailleurs et l'ici,
le frémissement d'un voile de vapeur !...

L'eau clapote. Petits bruits indécis, insidieux, « viens, viens ».
Mais sombre ! Si sombre !

La flottaison des algues diffuse l’âcreté des embruns.

L'espace se resserre.
Algues sirènes,
chants mouillés des feuillages,
flop-flop  trop paisible insinué entre les orteils, sous la plante des pieds.
Rafales d'iode et de parfums paradisiaques.

Pourquoi tout ce noir, ce vert, ce bleu, outrés jusqu'à cette opacité glauque ?

Demain.
Oui, demain.
Elle se risquera.
Ardemment, elle tentera de mêler le bruitage de ses pas
aux branches qui craquent,
aux pierres qui éclatent,
au vent dans les frondaisons,
au rire, peut-être, d'un singe, d'un oiseau...

Rendra-t-il le soleil à
cette prison de ténèbres

qu'il lui faudra bien arpenter ?

Ici.
Où elle fut,

assignée...

Gabrièle Benitah
Ateliers d'écriture des Nuits de l'Enclave, Valréas, automne 2014

mercredi 12 novembre 2014

Quand Valréas s'appelait Vaurias


Mon territoire

En posant pieds à terre et nez en l'air, la caresse nerveuse de ce bon vieux mistral s'est engouffrée en me pénétrant ardemment cœur et corps.

Est-ce que je savais qu'il m'était possible de retricoter ce lieu dont je me suis rendue coupable d'abandon ? L'espace d'un instant, il me plaît d'arpenter ces poussières de souvenirs accumulées en moi. Je suis là. Tu es là. Je ne te connais plus, ni ne te reconnais. Et toi, te souviens-tu de ma petite personne ?

Pourquoi me regardes-tu au travers de tes yeux des rues froides, figées, désertiquement désertées ? Pourquoi me prives-tu des rires enfantins, des discussions de tes métallurgistes en grève ou du boucan terrifiant et assourdissant des métaux, des effluves enivrantes de lavande, du chuchotement de tes boîtes de carton, du frémissement de celles en satin..., du parfum qu'elles devaient contenir en d'autres lieux, des regards du dedans des vitrines, du ... ?

Ah ! Vaurias de mon enfance ! Comme tu étais vive, turbulente, belle, jeune, enthousiaste, rieuse ... sage comme la vieillesse, bonne comme le bon pain sous les vapeurs de la locomotive de grand-père et comme tu...
Quoi ! Lou mistrau, tu me bouscules, me frappes, me gèles, me brûles, m'empoussières... dans le tourbillon de ta grande vengeance qui n'a pu frapper plus tôt.

Extrait de "L'espace d'une vie de femme"
De Giselle MUSICIEN le jeudi 25 septembre 2014

mercredi 22 octobre 2014

"Mon territoire" à Valréas

Un atelier d'écriture mené avec des adultes de Valréas, dans l'Enclave des Papes - un morceau de Vaucluse en Drôme provençale - à l'initiative du Festival des Nuits de l'Enclave : "mon territoire".

Comment le délimiter, mon territoire ? Comment le décrire ? Pas à pas, mot à mot, phrase après phrase... s'agira-t-il pour mon lecteur de faire avec moi "le tour du propriétaire" ? Ou bien le découvrirai-je en même temps que lui, allant de surprise en surprise ? Comment je le découvre : quels sens parmi les 5 (6?) dont je dispose sont sollicités ? Se dévoile-t-il d'un coup, par touches, par strates ? Partiellement ? Totalement ? Harmonieusement à la manière d'une brume qui se lève, ou rageusement, comme si chaque phrase était un coup de machette qui éclaircirait une jungle où se frayer mon chemin ?

Le territoire peut être réel ou imaginaire (Les Villes invisibles, d'Italo Calvino), avec toutes les nuances intermédiaires.

Il peut être nommable, dicible, à un degré tel qu'il peut être tout entier contenu dans son nom (Son Nom de Venise dans Calcutta désert, Marguerite Duras), mais il est aussi possible qu'il ne puisse être nommé : un "pays où l'on n'arrive jamais" (cf. André Dhôtel). Un pays perdu, peut-être (Eloges, Saint-John Perse). Pour parler de ce territoire, userai-je du passé, du présent, du futur ? Du conditionnel ?

Il y a ce que j'en fais, de ce territoire. Et il y a ce qu'il me fait. L'importance des lieux dans Vies minuscules de Pierre Michon. Le territoire comme "lieu-dit". Il y a la carte et le territoire, dirait Michel Houellebecq.

Question cartographie, on peut aller voir du côté des récits de voyages façon robinsonnades, des îles aux trésors, de ces jungles où l'on ne sait plus, de soi ou du territoire, lequel est le plus étrange(r), le plus exotique (Defoe, Loti, Tournier, Conrad...).

On peut s'aider des directions cardinales données par un Marcel Proust (du côté de Guermantes... du côté de chez Swann...) duquel on peut se demander si sa Recherche du Temps perdu n'est pas d'abord une recherche de l'espace perdu. Et se rappeler les imbrications de l'espace et du temps dans la physique du très petit et du très grand... Ainsi écrire sur le territoire nous oblige-t-il à nous poser la question du temps - des temps (époque, temporalité, rythme...).

On pourra s'aider du géographe Julien Gracq (La Presqu'île, Un Balcon en Forêt, La Forme d'une Ville notamment) - et voir avec lui comment la topographie dévoile - en même temps qu'elle fait naître - une géographie de l'intime : ainsi les notions d'objectivité et de subjectivité seront-elles à appréhender dans tous leurs feuilletages possibles. Maeterlinck, Rodenbach (Bruges la morte), Annie Ernaux (La Place) nous ouvrent leurs territoires intérieurs...

Des maisons : chambres, greniers, tiroirs... Bachelard explore tous ces territoires de notre quotidien avec sa Poétique de l'Espace.

Des villes, aussi : au Paris de Patrick Modiano (La Place de l'Etoile, Les Boulevards de Ceinture...) arpenté rue par rue, répond le Nice de Le Clézio (Mondo) et le Marseille de Jean-Claude Izzo. On peut agrandir l'espace en prenant la route avec Kerouac : une autre échelle de territoire, une autre qualité de déplacement, de vitesse, de mouvement... On peut prendre de la hauteur avec Saint-Exupéry et lire avec lui nos territoires en se penchant du cockpit (Courrier Sud, Vol de Nuit, Pilote de Guerre). Se poser place Saint-Sulpice à Paris, au café de la mairie, avec Georges Pérec et sa Tentative d'Epuisement d'un Lieu parisien : le territoire est délimité par son angle de vision : qu'est-ce qui le traverse, ce "champ" - pour parler comme au cinéma ? Qu'est-ce qui s'y déploie ? Qu'est-ce qui y fait acte de présence ?

Mais il n'y a pas que les présences qui comptent, peut-être : l'absence, le hors-champ ont aussi leur mot à dire sur mon territoire. Relire Paysages avec Figures absentes, de Philippe Jaccottet.



Qui sera le narrateur ? Où va s'originer la parole ? De quelle chair ? Objectivité... subjectivité... Parcourir la gamme. Reprendre L'Année dernière à Marienbad (ou Djinn) d'Alain Robbe-Grillet, les oeuvres de Leslie Kaplan, Journal d'un Corps de Daniel Pennac... Ecrire au "je" ? au "tu" ? au "il" ? au "on" ? à quoi d'autre ? à qui d'autre ?

Quel sera le langage qui naîtra de cet arpentage ? Admirer comme se déploie la spirale du langage des deux protagonistes de Bernard-marie Koltès (Dans la Solitude des Champs de Coton) qui, dans leur guerre de territoires, reviennent sans cesse à ce point fixe qui leur est commun et qui fonde, peut-être, leur relation : "à cette heure et en ce lieu"...

> Laurent Contamin
> lire un texte écrit en atelier
> en savoir plus sur la résidence à Valréas


mardi 12 août 2014

Atelier ados-adultes 2014/2015

D'octobre 2014 à juin 2015, j'animerai un atelier d'écriture à la Bibliothèque municipale de Senlis (60), Place Saint-Pierre.

A raison d'une fois par mois environ, les samedis après-midis de 14h30 à 17h, ces ateliers ados-adultes sont ouverts à tous, dans la limite des places disponibles. L'assiduité est une condition essentielle pour participer à l'atelier.

Une présentation finale d'extraits des travaux écrits sera proposée en juin, à l'issue de la série d'ateliers.

Renseignements et inscriptions au 03 44 32 04 04. Une réunion d'information et de présentation est proposée le samedi 20 septembre à 14h30, à la Bibliothèque.

Ce sera l'occasion de faire plus ample connaissance et de préciser les directions d'écriture pour ces séances.

> Laurent Contamin
> voir le blog dédié

lundi 30 juin 2014

Photo-roman

Avec les élèves de 6ème du collège Charles Fauqueux de Beauvais, il s'est agi d'imaginer une histoire à partir de trois photos qu'ils/elles avaient préalablement prises dans leur environnement immédiat, avec la photographe Tina Merandon, photos qui laissaient la place à l'imaginaire, à l'onirisme, voire au fantastique, l'idée étant d'arriver, pour chacun(e), à l'écriture d'un conte de fées contemporain...

Une fois établi le choix des trois photos pour chaque élève, chacun(e) a décidé de l'ordre dans lequel placer les visuels, et aussi qui serait le personnage principal (oeil objectif ? subjectif ?), et quelle serait l'intrigue - quel début, quel milieu et quelle fin.

Se posait forcément, en cours d'écriture, la question du cadre : ce qui était dans le champ, ce qu'on ne voyait pas... ainsi que les épisodes "manquants", entre deux images. Les textes et les photos ont été exposés et lus au collège, en juin. Merci à l'association Diaphane à l'origine de ce beau projet.


mardi 29 avril 2014

Musées imaginaires

Les élèves de l'école Belle Assise de Clermont (60) ont photographié, avec l'aide de la photographe Stéphanie Lacombe, des objets du quotidien en les replaçant dans un autre contexte, en changeant les échelles... et en y ajoutant des petits bonshommes playmobil.

Une fois mis en scène, ces figurines deviennent des archéologues du futur, découvrant... qui une règle, qui un stylobille, qui une prise électrique, etc. : ils doivent imaginer les utilisations de ces "mystérieux" objets : ainsi, dans un musée imaginaire du futur, comment seraient présentés ces choses familières qui nous entourent ?

Nous avons écrit les cartels de ce petit musée des arts et traditions populaires du futur... Ils seront exposés à Clermont en juin, grâce à l'association Diaphane, ainsi qu'à l'automne à Beauvais, dans le cadre des Photaumnales > + d'infos

les productions des écoliers de Clermont de l'Oise
Quant aux 5ème du collège Montgolfier de Paris, suite à une visite qu'ils ont fait au Musée des Arts et Métiers, c'est à un détournement poétique des inventions exposées que je les ai invités, dans le cadre de l'opération Sciences en toutes lettres proposée par l'association Postures.

Découvrez leurs trouvailles, exposées dans leur "musée des arts émiettés", en cliquant ici !

> Laurent Contamin

mercredi 9 avril 2014

Babel ma belle : la scène manquante...


Dans le cadre de ma résidence à Pont-Audemer cette année, les élèves de CM de l'école Hélène Boucher ont écrit eux-mêmes une nouvelle scène à ma pièce Babel ma belle (à ce sujet, je profite de l'occasion pour conseiller à tout le monde d'aller voir le film La Cour de Babel de Julie Bertucelli, en salles actuellement !). Par petits groupes, ils ont imaginé qui seraient les personnages concernés, où se passerait la scène, et à quel endroit du livre on pourrait l'insérer... Le mercredi 16 avril au matin, ces élèves et les CE2 de l'école Louis Pergaud se retrouveront salle des Carmes pour échanger leurs productions... En attendant, voici un exemple, d'une scène qu'on insérerait page 35 de l'édition du livre (L'Agapante et Cie), les écrivains en herbe s'appellent Lorenza, Salomé et Dylan.

Chez Rémi

Rémi : Salut maman ! Tu vas bien ?
Marine : Oui et toi ?
Rémi : Bien maman. Je viens d’avoir une idée.
Marine : Oui, quelle idée ?
Rémi : On peut prendre un appartement pour Sahil.
Marine : Oui mais il faut beaucoup d’argent.
Rémi : Oui mais toi t’es agent immobilier. Tu as bien un appartement vide pour Sahil.
Marine : Non, je ne peux pas, Rémi. Je n’ai pas le droit. Ça ne se fait pas comme ça.
Rémi : Ah bien alors on peut demander à monsieur Traoré de nous aider.
Marine : Oui, tu peux aller lui demander si tu veux.
Rémi : Bon bien j’y vais.

Chez Monsieur Traoré

Rémi frappe à la porte de monsieur Traoré.
Monsieur Traoré : Bonjour Rémi. Comment vas-tu ?
Rémi : Bien et vous ?
Monsieur Traoré : Pourquoi es-tu venu me voir ?
Rémi : Je voudrais trouver un appartement pour Sahil.
Monsieur Traoré : Je veux bien t’aider à en trouver un mais pour cela il faut faire un vide-grenier. Vas voir dans mon grenier. Je crois que j’ai quelque chose pour toi.
Rémi : Qu’est-ce que vous avez pour moi ?
Monsieur Traoré : J’ai le plus vieux livre imprimé qui date du Moyen âge.
Rémi : Un vieux livre ne peut pas loger Sahil !
Monsieur Traoré : Tu sais Rémi, j’aurais bien voulu loger Sahil mais malheureusement, je n’ai plus de place et mon grenier est dans un sale état.
Rémi : Dommage que vous n’ayez plus de place dans votre grenier. Pour le livre, je ne peux pas accepter. Il est de trop grande valeur.
Monsieur Traoré : Oui Rémi, c’est vrai. Ce livre coûte très cher mais je trouve que l’amitié n’a pas de prix.
Rémi : Merci beaucoup.

Chez Marine

Rémi : Je peux appeler Sahil ?
Marine : Oui, tu  peux pour lui annoncer la nouvelle.


samedi 29 mars 2014

Correspondances à Rambouillet

Une partie du groupe des "seniors", au théâtre
Le Nickel, à l'issue d'une des séances
Une vingtaine de jeunes Rambolitains et Rambolitaines de l'école Saint-Hubert ont correspondu avec leurs aîné(e)s d'environ deux générations. Correspondances "anonymes" pour le moment, qui aboutiront le 11 avril 2014 à une rencontre festive au cours de laquelle... il s'agira de deviner qui est son (ou sa) mystérieux(se) correspondant(e).

Cette action, basée sur des ateliers d'écriture que j'ai le bonheur d'animer (avec à chaque rencontre une injonction d'écriture différente basée sur le thème des "premières fois que..."), prend place grâce à la Compagnie de l'Arcade (qui monte le spectacle Le Jardinier, de Mike Kenny, qu'ont pu voir les participants - à l'instar des ateliers menés à Gauchy) et au Théâtre Le Nickel de Rambouillet.

Initiés à l'origine lors de ma résidence d'écriture à Colombes il y a un an, ces ateliers "correspondances" prennent ici, à Rambouillet, une saveur particulière : ceci grâce à un prolongement théâtral (ateliers de lecture expressive des textes écrits et reçus, par la comédienne Anne de Rocquigny). C'est ainsi que le 23 juin prochain, au Théâtre Le Nickel, aura lieu une lecture mise en espace, en voix, en corps, par les correspondants qui le souhaiteront : les écrivains se feront lecteurs.

Un exemple de lettre écrite par un "junior"...

Les seniors se lisent leurs lettres : celles reçues,
celles qui vont partir... Echange d'impressions
Cher « je ne sais pas qui »,

La dernière fois que j'ai connu une très grande chaleur, j'étais en train de faire des pizzas avec mon père et si vous voulez refaire la recette il vous faut : de la pâte à pizza, de la sauce tomate, du fromage et des champignons.

Et quand j'ai ouvert le four, de la fumée est sortie et j'ai eu très chaud à la langue lorsque j’ai goûté, alors j’ai bu beaucoup d’eau !    

Je ne sais pas si elle était très chaude ou si j'étais fier de ma pizza. Et vous comment ça va ? J'ai hâte d’être le 11 Avril pour vous rencontrer, pour savoir si vous êtes une fille ou un garçon.

Et  vous quel est votre grand souvenir de chaleur ?

Signé Kento


... Et un exemple d'une autre lettre, écrite cette fois par une "senior" :


Bonjour Antoine,


Les "seniors" et les "juniors" rivalisent de talent...
y compris pour la décoration des enveloppes !

Je m'appelle Françoise et  j'ai attendu ta lettre avec impatience.

Ton dessin avec le chameau est très joli.  J'ai découvert que  tu as eu plusieurs fois chaud et à différentes occasions !!

Moi je me souviens d'un jour où j'ai eu très chaud ! C'était l'été 1976.  Enfant, je passais chaque été à Mascousseil, un village de montagne situé en Lozère.

Depuis mes 9 ans,  j'ai pris l'habitude d'aller avec Pierre,  le boulanger. J'aimais bien être avec Pierre. C'était le  cousin de ma grand-mère. Chaque mardi après-midi, on partait tous les deux  faire  "la tournée dans la montagne" avec son vieux camion gris - le même que Louis la Brocante. On faisait un circuit de petits villages ou de maisons isolées pour aller vendre du pain, des gâteaux, des fruits, des graines pour les poules...  aux gens qui étaient loin du village, qui étaient âgés ou qui n'avaient pas de voiture.
Ce sont les juniors qui ont fabriqué, avec l'aide de leur
enseignante, cette magnifique boîte à lettres

En 1976,  Pierre et moi étions en short et en débardeur tellement il faisait chaud.  On appelle cela la canicule. Pour charger le camion, on faisait des allers-retours du  four où il faisait son pain et ses gâteaux à dehors. A 14h précises, on partait le camion  plein. Tout était réparti dans des caisses.  Hum, ça sentait bon dans le camion...  

Les deux sièges  étaient  recouverts de  plastique ; avec le soleil qui avait tapé dessus pendant des heures, ils nous brûlaient et nous collaient les fesses. Une fois habitués, on commençait par descendre nos vitres à la main  pour faire courant d'air et avoir moins chaud. Et nous voilà partis pour quatre heures de voyage...

Sortis du village, commençaient les montagnes, les ravins... Les caisses, mal calées, allaient de droite à gauche à chaque virage et  finissaient par faire une petite musique. On attendait avec impatience Puzenne. Dans cette forêt de pins, on avait de l'ombre pendant quatre kilomètres. La forêt était fraîche et sentait bon.

Le facteur est passé... Un junior en pleine lecture
de la lettre qu'il vient de recevoir
et à laquelle il va répondre
A la sortie de la forêt, on traversait le vieux pont du Doulou, la petite rivière, et de nouveau on se remettait à avoir chaud !! Adieu l'ombre !! Même les papillons avaient l'air d'avoir du mal à se déplacer !! De temps en temps, Pierre me prêtait son grand mouchoir à carreaux pour m'essuyer le visage car on transpirait beaucoup.

Lorsque qu'on arrivait quelque part, on klaxonnait pour annoncer notre arrivée. On s'arrêtait. On sautait du camion, on ouvrait les portes arrière  et là, j'oubliais pour un instant la chaleur. J'étais l'assistante de Pierre et je jouais à la marchande.

Partout nous étions bien accueillis. Les gens étaient heureux de nous voir, de parler et de nous acheter à manger.  Tous nous offraient à boire pour nous rafraîchir.  J'en ai bu des menthes à l'eau ce jour-là !!

Au plaisir de te lire,

Françoise

On en parle dans Les Nouvelles !