mercredi 12 novembre 2014

Quand Valréas s'appelait Vaurias


Mon territoire

En posant pieds à terre et nez en l'air, la caresse nerveuse de ce bon vieux mistral s'est engouffrée en me pénétrant ardemment cœur et corps.

Est-ce que je savais qu'il m'était possible de retricoter ce lieu dont je me suis rendue coupable d'abandon ? L'espace d'un instant, il me plaît d'arpenter ces poussières de souvenirs accumulées en moi. Je suis là. Tu es là. Je ne te connais plus, ni ne te reconnais. Et toi, te souviens-tu de ma petite personne ?

Pourquoi me regardes-tu au travers de tes yeux des rues froides, figées, désertiquement désertées ? Pourquoi me prives-tu des rires enfantins, des discussions de tes métallurgistes en grève ou du boucan terrifiant et assourdissant des métaux, des effluves enivrantes de lavande, du chuchotement de tes boîtes de carton, du frémissement de celles en satin..., du parfum qu'elles devaient contenir en d'autres lieux, des regards du dedans des vitrines, du ... ?

Ah ! Vaurias de mon enfance ! Comme tu étais vive, turbulente, belle, jeune, enthousiaste, rieuse ... sage comme la vieillesse, bonne comme le bon pain sous les vapeurs de la locomotive de grand-père et comme tu...
Quoi ! Lou mistrau, tu me bouscules, me frappes, me gèles, me brûles, m'empoussières... dans le tourbillon de ta grande vengeance qui n'a pu frapper plus tôt.

Extrait de "L'espace d'une vie de femme"
De Giselle MUSICIEN le jeudi 25 septembre 2014

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